Les marchés ; hauts en couleurs et en vie

 

A quelques « quadras » de chez nous (comme la ville est principalement quadrillée, ici l’orientation se fait à l’aide de quadras), les rues sont fermées par le marché les jours de fin de semaine. On aime y flâner et se laisser transporter par l’atmosphère vivante du lieu. Parfois, des « profe, profe » nous sollicitent. Des élèves nous faisant de grands signes accompagnés d’un large sourire sont contents de nous voir dans cette cacophonie arrangée. Ce bonheur est réciproque et nous sentons notre intégration naissante dans le quartier.

 

 

Ses homologues, bien plus imposants, se nomme le « Mercado Campesino » et le « Villa Fatima » du nom de leur quartier. Ils sont connus de toute la ville et doive leur renommées aux milliers de bidules qu’on y trouve. Pour chaque demande concernant un objet à acheter, la réponse est souvent « Campesino ». Ça nous intrigue et nous motive à y faire un tour. En voilà un résumé.

 

La balade au marché est colorée, fourmillante, bruyante, animée. Les rues sont bouchées par des centaines de stands exigus. À même le sol ou en hauteur, les bâches s’étalent et supportent une superposition acrobatique de fruits et légumes. Des emplacements, où pendent cuisses de poulets ou tripes de vaches, s’agglutinent entre librairies d’appoints, cordonniers aux machines antiques ou encore quincailleries éphémères. Les dvd filmés en salle de cinéma se vendent à la pelle et les clés de voiture ou de maison se copient en quelques tours de meule. Ici, la variété des objets proposés est immense, allant de la poêle aux chaussures de foot en passant par le mythique chat chinois saluant machinalement la foule. Nous nous y déplaçons au rythme lent du péristaltisme quand l’activité du marché bat son plein un dimanche matin.

Alors qu’on se bat chez nous pour préserver une ou deux années de retraites, ici, ce phénomène, réservé aux privilégiés, semble bien méconnu et inexistant pour la majorité. Toutes les générations sont représentées derrière les stands de marchandises. L’égalité des sexes n’est pas respectée et le sex-ratio penche du côté de la gente féminine. Les jeunes mamans sont fréquemment accompagnées par leur bambin placé dans une caisse ou dans un carton rempli de couvertures. Les grands-mères omniprésentes, morphologiquement hautes comme trois pommes, mais qui compensent en largeur, se tassent un peu plus sur un minuscule tabouret bien souvent disparu sous leur pleine lune. Par temps ensoleillé ou maussade, elles sont emmitouflées dans de vêtements traditionnels lumineux d’où ne dépassent que leur visage ridé, leurs mains marquées par leur dur labeur mais surtout leurs yeux foncés, souvent éclairés de vie.

 


Un endroit où il est bon de se balader, au rythme des « Que va a llevar, mamita ? » nous invitant à regarder les stands, mais agréablement, sans insistance aucune. Malgré tout, ce marché peut se révéler oppressant après quelques instants, immergés dans cette foule en constante agitation...

 

J + A