Les micros de Tarija

 

Bien que la vie ici soit bien différente de chez nous, il est difficile de relater nos émotions et ressentis par un simple écrit ou par images interposées. Je décide, pour cet article, de me concentrer sur une pratique qui me plait particulièrement ici.

 

J’entends par là un des moyens de transport de Tarija et plus particulièrement les « micros ». Ce sont des micros-bus qui sillonnent tous les quartiers de la ville. Ces petits bus d’une quinzaine de sièges se laissent facilement submerger par une trentaine de personnes lors des heures de pointes. Le plafond n’est pas haut mais vue la taille moyenne des boliviens, ils s’y sentent bien même debout. Chaque micro a son « design » différent et sa propre « mécanique ». On se demande comment certains roulent encore les nombreux fils qui sortent du tableau de bord et d’autres qui guignent sous les pédales. Mais l’essentiel est là, ils roulent ! L’utilité semble primer sur le look ou la sécurité. Bien que la plupart « pimpent » leur bolide à l’effigie de la Vierge Marie, du petit Jésus ou parfois de Ben Laden !, ce n’est certainement pas pour influencer le service des autos du coin qui nous semblait inexistant. Nous avons finalement été informés qu’il existait bien une « expertise » mais qu’elle se faisait souvent d’une manière plus ou moins amicale et légale…

 

Ces petits bijoux typiques sont répartis sur des tracés « appartenant » à des syndicats. Les guillemets sont de mises car les routes appartiennent bien aux instances publiques. Cependant la force des syndicats regroupant tous les chauffeurs de la ligne plus leur famille, plus leurs amis et les amis de leurs amis, est telle que le gouvernement doit bien souvent se soumettre aux volontés de ces groupes syndicalisés. Ce sont donc ces instances privées qui dirigent les transports en commun de la ville. De nombreux avantages y ressortent ; la fréquence des micros est si régulière qu’on n’a pas besoin de s’inquiéter de regarder l’horaire quand on en a besoin ; les arrêts nous semblent présents en théorie mais le chauffeur s’arrête n’importe où dès qu’un petit signe de la main est fait ou qu’un « me quedo » (je reste) est prononcé pour signaler sa volonté de descendre; le prix est de 1.5 bolos/personne/trajet, l’équivalent de 0.20 CHF (d’ailleurs nous n’avons pas dû payer de supplément quand nous avons fait 1h45 de micro à travers toute la ville et ses alentours pour une petite erreur de direction…) ; nous découvrons de nombreux bus différents qui ont globalement la même structure mais dont le look reflète le goût et les couleurs du chauffeur, et peut-être son pouvoir d’achat également.

 

Nous aimons nous déplacer de cette manière comme la plupart des chapacos (habitants de la province de Tarija). Il y a « casi » à chaque trajet de nouvelles choses à observer et à comprendre du mode de vie de cette ville. Les transports en commun reflétant bien souvent le mode de vie de la classe populaire, nous profitons de « voyager » à ses côtés avant d’enfourcher nos biclous !

 

J + A