A deux à vélo


Un grand-papa demande à son petit-fils en regardant un oiseau en train de planer dans les airs :

·     « Tu aimerais bien être un oiseau ? »

·     « Oh oui !!! »

·     « Et pourquoi ? »

·     « Pour pouvoir picorer toutes les petites graines… »

 

Voilà un exemple de pensées relatives qui sont proches de celles qu’on vit en couple durant notre voyage. Beaucoup de fois, nous pensons que l’autre a les mêmes idées ou pensées que nous et nous ne les explicitons alors pas toujours. Parfois quand il s’avère que nos idées sont divergentes, comme le lieu d’une pause, l’heure pour s’arrêter manger ou les envies personnelles de chacun et qu’on n’a pas pris le soin de les transmettre à l’autre, alors ça peut éclater et mener à quelques tensions les minutes ou heures suivantes. Heureusement les tensions ne durent pas très longtemps et avec le temps on a réussi à relativiser et on essaie de les transformer en moment d’autodérision.

Nous essayons d’augmenter notre communication et d’échanger sur nos différents ressentis et envies pour pouvoir ajuster la situation avant que ça bouillonne trop et que ça finisse par péter.

 

Cette vie 24h/24h ensemble demande aussi quelques ajustements pour qu’elle soit agréable et surtout pérenne. Ce n’est pas toujours facile, surtout au début quand ça demande des adaptations de chacun. Même si nous avions déjà voyagé ensemble de cette manière et vécu pendant un moment dans le même ménage, cette nouvelle expérience nous a demandé de nouvelles acclimatations. La peur d’Anaëlle d’être toujours à la traine et de ne pas être capable de pédaler à travers ces régions exigeantes, Jonas devant gérer sa patience dans certaines situations et relativiser sur le terme « efficacité » en sont des exemples.

 

Nous avons décidé d’écrire ce petit article un peu différent pour casser … la routine des articles « descriptifs ». Espérons qu’il soit apprécié…

Voici quelques situations et « problématiques » rencontrées durant notre vie de couple de voyageurs et des explications parfois difficilement claires…

 

·     Etablir des routines, des rôles

Afin de faciliter les choses et de diminuer les petites tensions qui viennent du fait que certaines choses ne sont pas faites, nous avons déterminé certains « rôles » et routines. Jonas s’occupe de la mécanique et des itinéraires et Anaëlle de la communication et des relations. Une véritable petite entreprise J.

Au début, c’était problématique au bout d’une journée de vélo épuisante quand l’un de nous mettait en place le campement, faisait le souper et devait encore faire la vaisselle !! Avec le temps les choses se font spontanément. Maintenant, chacun voit les choses qu’il y a à faire et les fait naturellement et tout roule comme sur des roulettes et dans la bonne humeur.

 

·     Ahh la nourriture était aussi source de conflits ! 

Une problématique qui peut paraître obsolète quand on a un frigo rempli à portée de main et l’accès à tout type de commerce. Mais quand il s’agit de la principale « benzine » pour le moteur et qu’on se trouve parfois à plusieurs journées de vélo d’un point de ravitaillement, ce problème prend tout d’un coup du sens. Surtout que la courbe « d’insupportabilité » de Jonas est inversement proportionnelle à sa glycémie ! On s’est parfois retrouvé sans carburant et devions puiser dans les réserves avant d’arriver au point de ravitaillement le plus proche, ce qui n’aide pas à la bonne entente de l’équipe. De plus, quand la répartition de nourriture, ou plutôt de collation anti-fringale est mal répartie et qu’un de nous n’a plus rien et que l’autre se trouve loin devant, « problème il y a » comme dirait le PYM ! Nous prenons donc soin d’avoir toujours des nouilles chinoises en rab pour un ou deux jours et chacun notre propre stock de chocolat ou autre source de sucre pour la journée. 

 

Et même à certains repas, surtout lorsqu’on doit se rationner car on n’a pas accès à des magasins pendant plusieurs jours, chaque cuillérée de pâtes compte et on se surprend parfois à regarder d’un coin de l’œil si on a la même portion que l’autre en pensant à voix basse « purée chier elle a plus que moi »… Mais également avec le temps et le voyage avec les goinfres bretons, nous misons sur 400g de spaghetti pour le souper et avons plaisir à partager en voyant qu’au final, nous mangeons bien assez.

 

·     Les compromis, la clé de la réussite

Déjà avant de partir, la projection de ce voyage avait été discutée puis élaborée à l’aide de compromis. L’un voulait partir à vélo, l’autre plutôt en bus… Nous avons donc finalement suivi cette ligne de conduite en alternant les moyens de transports au grès des désirs de chacun. Pas toujours facile d’oublier une idée que l’on avait au détriment d’une autre. Mais au fur et à mesure, nous avons vu que pour garder une motivation saine et un plaisir à voyager pour chacun, il fallait qu’on partage nos envies et idées afin de trouver le meilleur compromis possible pour l’équipe. On part aussi avec beaucoup d’idées, d’attentes, de principes qu’on veut respecter et finalement le voyage nous adoucit, nous fait réfléchir, nous construit et nous montre la complexité et aussi l’inutilité de vouloir absolument garder nos principes de base. Il nous ouvre l’esprit par tout ce qu’il nous fait découvrir et par le temps qu’il nous donne pour réfléchir sur le sens de nos principes et leur valeur.

Cela conduit parfois à des remises en question sur le sens qu’on donne à notre voyage, menant discussions positives et constructives. Les différents modes de voyager que l’on a pu « tester » nous montrent les bienfaits des uns et les méfaits des autres. Tout est question d’équilibre comme dirait le Grand moustachu grisonnant et finalement , c’est comme la bicyclette, il faut le garder pour avancer... ou vice-versa (imaginez Maxime Debernardi de 120’’ et c’est assez rigolo J. Voici le lien, https://www.youtube.com/watch?v=fCjGwMVqCeA. Ça vaut la peine pour commencer la journée de bonne humeur)

 

·     Garder une attraction « sensuelle »

Parfois, les ouvertures de sac de couchage au matin après quelques jours sans douche et un souper de veille chargé en lentilles éveille plus rapidement le sens olfactif que le désir de câlins… Il s’agit bien sûr d’une situation extrême dont on ne jouit pas à tous les réveils, mais la vie sous tente ou dans des chambres bas de gamme n’est pas toujours très glamour. Pour pallier à ce tue l’amour qui équivaut presque le pyjama épais à carreaux de Jonas (merci Maman), nous nous offrons le luxe d’une ou deux nuits dans un hôtel pas triste quand on en ressent le besoin … moral. Ça recharge les batteries ! Nous profitons d’ailleurs de remercier tous ceux qui nous ont offert une attention argentée et qui ont contribué à faire perdurer ce voyage à deux.

 

·     Les « amis de voyage »

Le manque le plus probant durant ces mois loin de la maison aura été les proches. Ça peut paraître bateau, mais en étant si loin, si longtemps, on se rend compte à quel point les moments avec les gens qu’on aime nous manquent. On nous pose souvent la question « Il y a un endroit où tu voudrais venir t’installer ici ? ». Certains lieux nous donneraient effectivement envie, on pourrait s’y voir vivre et y construire un futur… Mais à chaque fois, la réponse est « Oui, s’il y a la famille et les amis qui nous suivent, pourquoi pas ».

Pour pallier à ce manque, les rencontres avec des inconnus est la meilleure des thérapies. Et lorsque que le courant passe bien, très rapidement une relation se crée et on retrouve un peu des bons moments passés entre amis. Et ces moments sont encore plus intenses quand ce sont des têtes connues qu’on retrouve sur ce continent !! Des instants très riches dont on profite pleinement.

 

On se réjouit d’ailleurs de revoir plein de monde durant notre petit interlude de décembre où nous rentrons en Suisse du 14 au 28. Notre route reprendra ensuite depuis Madrid, à vélo, pour rentrer définitivement à la maison.

Si tout se déroule comme prévu, nous serons postés au marché de Noël à la place Pépinet de Lausanne le 14 décembre dès 18h pour quelques vins chauds et câlins de retrouvailles. Cela nous ferait très plaisir d’y voir quelques têtes connues :)

 

Avant ça, on s’envole demain pour trois semaines à Cuba en espérant en apprendre davantage sur ce pays intriguant.

 

Que les vaya bien !

 

J + A.