Y’a d’la joie, partout, partout …   


Ahhh l’école Creciendo, cette première véritable expérience qui nous tenait à cœur et faisait partie de notre projet de voyage.

Nous voulions nous installer quelques temps dans un lieu pour pouvoir s’imprégner d’une autre culture, d’habitudes différentes des nôtres, découvrir et comprendre l’éducation d’enfants d’ailleurs, s’adapter dans un milieu nouveau et inconnu en essayant de donner un peu de notre aide. Le volontariat dans une école rassemble tous ces éléments et les premières semaines passées dans ce nouvel environnement comblent nos attentes. (Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’école Creciendo, une belle présentation vidéo a été réalisée par notre ami Vicente, ancien volontaire par ici (http://bol2vie.blogspot.com/).

 

Pas le temps de tergiverser, nous nous retrouvons directement dans le vif du sujet. Dès le deuxième jour, nous voilà en train de donner des appuis (apoyo) aux élèves ayant le plus de difficultés ou dans la classe pour soutenir les « profe ». Ce n’est pas du luxe, vue l’ambiance qui est souvent très « vivante ». Imaginez 30 élèves ayant besoin de se dépenser pour éliminer les nombreux grammes de sucre blanc ingurgités presque tout la journée. Ici, le suçage de bombonaille ou du plastique l’entourant semble être un des hobbys favoris. Les dents noircies de ces petits nous font mal au cœur. Difficile aussi de contenir des piles rechargées au glucose qui partent dans tous les sens. Le cher Julien Bovey du collège PF Ramuz partirait très certainement en burnaout bien vite. Mais ces enfants sont très vite attachants lorsqu’ils chantent tous en cœur notre entrée en classe « Bue-nos di-as profe-sor no se co-mo te lla-mas… ». Un rituel qu’ils ont pour accueillir le professeur et les volontaires.

 

Concernant les « apoyo », vu notre niveau d’espagnol, l’enseignement se fait par tâtonnement et mimétisme. Mais les enfants sont indulgents et se prennent au jeu. La plupart du temps, nous travaillons les maths et la lecture, matières idéales pour un co-apprentissage prof-élèves.  Pour tenter de nous faire comprendre, on se rattache à nos différentes expériences personnelles et à nos origines. Je me marre bien à m’aider de mon accent vaudois pour la prononciation de 10, « diez » (à prononcer dix en vaudois) ou encore à retrouver des mots familiers comme le « casi » (peut-être).  

 

Nous prenons rapidement nos marques notamment grâce à Surya et Pierre. Ces enseignants fribourgeois, parents de trois garçons, sont ici en famille depuis début août et ce pour une année (pour ceux qui veulent avoir une idée d’une vie en famille ailleurs https://2017bolivie.wixsite.com/fidanza). Ils nous racontent rapidement leurs anecdotes du premier mois et nous mettent au courant du mode de vie « à la bolivienne ». La ponctualité, ici, ne semble pas du tout être un souci. En effet, l’école commence officiellement à 7h45. A cette heure-ci, le directeur, quelques profs (parfois tous, parfois non), et certains enfants sont présents. Les autres arrivent petit à petit jusqu’à 8h15-30 ou quelquefois manquent l’école sans trop de raison. La sonnerie se fait manuellement et le temps de récréation (recreo) peut varier en fonction de l’envie du directeur ou de son assistante. Bien différent de notre système scolaire hyper minuté. Mais vite habitués à ce fonctionnement, c’est plutôt agréable d’être bien loin du rendement à tout prix qui caractérise bien souvent notre société.

 

La deuxième semaine nous réserve aussi son lot de surprises avec différentes journées spéciales. La première est la course d’école du mardi en l’honneur de l’arrivée imminente du printemps. Les enfants et nous-même avons été avisés au mieux le vendredi pour ceux qui étaient présents, les autres l’apprennent le lundi. Le directeur nous demande également ce jour-là d’organiser « des joutes ». On s’adapte à la situation et discutons pour organiser différentes activités de cirque, de foot ou de volley. C’est une manière de faire, et on imagine que très peu de démarches ont été entreprises en amont pour cette sortie réunissant plus de 200 élèves. Bien loin des démarches administratives suisses. D’ailleurs, le jour J, il manque deux « micros » (des mini-bus) pour se rendre dans la propriété où se déroulera la journée. Pas de problème, un coup de téléphone et c’est réglé ; deux micros arrivent et les 50 élèves restant peuvent s’entasser dans ces bus à la capacité de 15-20 personnes chacun. Seule conséquence, un retard sur le programme distribué la veille. Mais de toute façon, il était certainement juste là pour rassurer Gustavo, le directeur, car il n’a été respecté à aucun moment de la journée. Arrivés sur place, les niños s’empressent d’envahir les lieux entre terrain de foot et piscine pendant que les profs se mettent à l’aise. Le reste de la journée se fera d’une manière assez similaire et autogérée entre jeux, baignade, bouffe et danse. En voyant toute cette vie et ce bonheur sur le visage des enfants, en s’amusant simplement, ça me fait réfléchir sur les moyens de divertissement qui sont innombrables chez nous mais qui ne semblent pas rendre les enfants plus heureux pour autant…

 

Le jeudi est à nouveau particulier avec le jour du printemps qui, cette année, est concomitant au jour de l’étudiant. Chaque occasion semble bonne pour organiser une fiesta. Celle-ci est belle, entre présentation théâtrale faite par les 1ère, danse des enseignantes et leur renfort Anaëlle pour les élèves, « boom » avec « profe Carlos » aux platines puis, comme le veut la tradition, distribution de cadeaux (cornet de bonbons !) des enseignants aux enfants.

Ces jours especials nous ont dévoilé une belle palette de toute la joie de vivre de ces enfants. Malgré leur situation parfois difficile, ils se satisfont de peu et sont preneurs de toute attention, de tendresse, d’aide ou encore de moments de rire. Ces sourires sur leur visage suffisent à notre bonheur et nous remplissent d’énergie pour continuer à leur offrir ce qu’on peut.  

Bref, on aime découvrir ce système éducatif et voir cette vie chaque matin.

 

J + A