« Medellin : Force, Espérance, Combattants pour la Paix »

Une citation trouvée dans le très émouvant musée de la mémoire de cette ville tristement connue pour son histoire récente. Une volonté de tous, exceptés quelques personnes toujours malintentionnées, de sortir de cet engluement dans la violence et le narcotrafic toujours présents. Cependant, la surmédiatisation de ce fléau gangrène l’image de tout un peuple qui rayonne par leur joie de vie et leur générosité. Nous avons été conquis par les différents récits entendus sur la vie ici, entre le FreeTour du centre et celui de la Comuna 13 ou encore par les longues discussions lors des nombreux soupers avec nos hôtes et amis Alex et Juan.



Nous essayons par cet article de relater quelques informations et impressions que l’on a eues en vivant trois semaines dans cette ville en forme de tasse, où les nombreux arbres permettent une respiration plus ou moins soutenable hors heures de pointe. Nos mots résument ce qu’on a pu comprendre de nos interlocuteurs hispanophones ; c’est alors possible que quelques faits ne soient pas complétement exactes. On a tendance parfois à interpréter une histoire quand on ne comprend pas tout dans une langue étrangère, un peu comme lors des compréhensions orales à l’école... On s’excuse déjà si des faits ne sont pas exactement précis. Mais ça fait aussi écho à la complexité du problème de la violence et de la drogue avec des avis différents en fonction de chacun...

           

           Los Laureles

Nous avons tout d’abord apprécié nos deux premiers jours passés dans le quartier huppé Los Laureles. Un quartier fréquenté par une majorité de colombiens ou d’expatriés. Il est bon de s’y balader avec peu de circulation, de multiples cafés-restau qui émerveilleraient les lausannois de sous-gare et une atmosphère paisible qui rend l’entrée en matière bien agréable. Un coin de la ville qu’on recommande vivement.

 

           Comuna 13

Une balade accompagnée qu’on conseille aussi fortement, est le freetour (système de tour guidé, rémunéré au pourboire à la fin) dans la Comuna 13. Medellin est séparé en 16 communes qui chacune regroupe plusieurs quartiers. La "Comuna 13" se trouve sur les flancs de la ville où vivent des familles défavorisées. Elle était aussi le lieu d’une forte présence de groupes armés dans les années 90, et qui a diminué depuis le changement de stratégie du gouvernement. Dans le courant de l’année 2002, le gouvernement a eu la volonté de « nettoyer » le quartier de toute présence de groupes armés tel les FARC et l’ELN (groupes aux tendance politique communiste). D’une manière non officielle et secrète, l’armée s’unit à des groupes paramilitaires (catégorisé comme d’extrême droite) et lance deux opérations militaires en mai (Mariscal) et en octobre (Orion). Elles s’avèreront être un désastre sans effets escomptés et font de nombreuses victimes, tuées ou blessées, dans les civils n’ayant rien à voir avec les groupes visés ! En 2004, avec le changement de gouvernement, la stratégie pour diminuer les violences dans le quartier change. Ils misent sur une approche sociale et culturelle de la problématique et les effets se révèlent bien plus prolifiques. Ils commencent par construire des écoles, une bibliothèque, des terrains de sport puis une connexion internet gratuite dans l’espace publique et enfin, des escaliers roulants pour un meilleur accès aux différentes habitations de ce quartier très pentu. Ces aménagements du territoire permettent une émancipation des habitants du quartier, un sentiment d'appartenance à la ville plus marqué et un développement plus serein, notamment chez les enfants et adolescents. Les habitants se sentent de mieux en mieux et se réapproprient alors leur quartier en y développant différentes activités. Les efforts du gouvernement ne suffisent pas, il faut une réelle envie des habitants pour se sortir de la spirale de la violence. Ils mettent en place des actions pour développer leur environnement (culture du hip-hop avec le breakdance, le bipbop, le graff et le rap). Cela occupent les jeunes du quartier et leur donne du sens plutôt que d’aller vendre des choses dans la rue en pensant qu’ils pourront vivre de cela toute leur vie. On retrouve des graffitis riches en sens qui représentent souvent l'histoire de la Comuna ou alors juste ici pour rassurer les maman des touristes...



 

Ce quartier est un très bel exemple de la volonté du gouvernement mais également du peuple de réinsérer des lieux défavorisés se trouvant souvent sur les hauteurs de la ville. Il n’est bien sûr pas le seul exemple et énormément d’efforts sont faits, notamment dans le développement des moyens de transports. On observe dans toute la ville des télécabines, des métros, des trams ou escalators pour permettre aux populations un accès facilité à chaque zone urbaine. Une réelle fierté et admiration des « paisas » (habitants de Medellin) envers leur moyens de transports se ressent dès qu’on les prend. Les promenades en ville sont souvent accompagnées d’une grande cacophonie, mais une fois dans ces transports, c’est comme dans un autre temps ; beaucoup de discipline avec des queues comme on les imagine au Japon, une interdiction de boire ou manger ni d’avoir son animal de compagnie ! Tout est propre et c’est agréable de les prendre, même aux heures de pointe.

(Il est également interdit de marcher dans les escalators pour ne pas les endommager!)

 

El Poblado

C'est dans ce quartier qu'habitaient nos hôtes warmshowers, Alex et Juan, un couple adorable. C'est le quartier touristique car c'est ici que sont la plupart des hôtels. On n'a pas vraiment compris pour quelle raison car il n'y a rien de spécial à visiter. Par contre, il y a de nombreux restaurants, et une nightlife très animée. Le quartier est situé sur un flanc de la ville, il est donc tout en pente. Le "centre" occupe une dizaine de rues, et plus on monte, plus on atteint des restaurants huppés. Il y a également de nombreuses cliniques privées, dont beaucoup offrent des services de chirurgie esthétique. Elles sont fréquentées par les colombiennes qui sont avides de petites retouches au niveau de la poitrine et du fessier, mais aussi d'étrangères qui profitent des prix abordables et de la qualité des opérations. On n'a pas testé la chirurgie mais le chiropraticien pour Jonas et le dentiste pour Anaëlle. Des soins de qualité et dans un décor luxueux !



Par-dessus les préjugés

On a découvert une magnifique ville qui nous a énormément plu par cette volonté de sortir du cercle vicieux et les efforts de réinsertion sociale mis en place par le gouvernement et ses habitants. Il ne faut pas y aller pour espérer y trouver une architecture remarquable ou du calme mais on a tout de même apprécié de voir une grande quantité de végétation aux abords de presque chaque route. La balade au jardin botanique est aussi agréable, surtout le dimanche pour y rencontrer des familles venant profiter de ce coin de nature revigorant.

On a trouvé important de passer outre les préjugés qu’on avait de cette ville ou même de ce pays d’une manière générale. Il est vrai que le problème de la drogue et de la violence est toujours présent et même parfois effrayant en fonction des histoires entendues, mais bien loin de l’image qu’on pourrait avoir.

Une volonté de s’informer, de connaître la problématique sans y participer et de découvrir ce pays avec du bon sens suffisent largement à découvrir cet endroit merveilleux qu’est la Colombie. (D’ailleurs on va peut-être y venir pour notre retraite…)

 

Ciao amigos

 

J+A.


P.S: Et si jamais, ce vendredi 9 novembre nous passerons à nouveau dans l'émission "A l'abordage: paroles de globe-trotteur" à partir de 15h sur RTS La Première.