Hola Argentina !


Nous voilà arrivés à El Calafate depuis quelques jours, après un triathlon de transport – bus, avion, vélo. Le premier, de nuit, avec une halte à la douane où il a fallu sortir tout notre matériel pour le faire contrôler, puis le reporter dans le bus, le tout sous une pluie diluvienne et suivi d’une bonne heure d’attente pour obtenir les précieux visas de sortie de Bolivie et d’entrée en Argentine. Le second, ponctué d’un coup de stress à l’heure de se rendre à l'aéroport et après s’être rendus compte qu’il y avait une heure de décalage à Salta… une heure de moins pour prendre l'avion, dans un timing qui semblait déjà relativement serré. La chance est avec nous, on embarque pour Buenos Aires, puis pour El Calafate, et y retrouvons toutes nos affaires entières !

 

On savoure le moment d’assembler les vélos et d’y accrocher les sacoches, sous les yeux de locaux et d’autres voyageurs curieux et déjà encourageants. Après un maté partagé avec un argentin, arrive le moment tant attendu… Les premiers coups de pédale ! Le plaisir ne se fait pas attendre. A chaque tour de roue, le sentiment de liberté nous envahit davantage. Un sentiment de liberté suivi d’un sentiment d’admiration et de reconnaissance face à ce cadeau que nous offre déjà la nature. Un panorama splendide sur le Lago Argentina, à peine sortis de l’aéroport. L’intensité du vent qui nous fait face écarte davantage les sourires marqués sur nos visages. Ce fameux vent soufflant en Patagonie, dont on nous avait mis en garde. Espérons qu’il continue à nous sécher la bouche, plutôt que de nous humidifier les yeux.

 

Notre séjour de deux nuits prévu à El Calafate se prolonge déjà en quatre nuits ! La bienveillance de notre hôte Luciana nous empêche de nous en aller si vite. Alors qu’elle travaille en tant que psychologue dans une école, nous profitons de son appartement avec vue sur le Lago Argentino, et de la petite ville touristique d’El Calafate, et nous nous retrouvons en fin de journée. On est étonné de découvrir bien plus de points communs avec la Suisse qu’avec ce qu’on connait de la Bolivie. Des Iphones, des voitures en bon état, des cafés cosys, des brasseries artisanales, de la musique internationale.

 

Luciana bénéfice d’un long weekend ; jeudi c’est le 90ème anniversaire de El Calafate, c’est donc un jour férié pour toute la ville. Et vendredi 8 décembre, c'est le jour de la Vierge Marie, ou Immaculée Conception comme on dit chez nous. C'est également feriado (comme chez vous les Métrailler et Luisier je crois) et la journée est dédiée à la décoration du sapin de Noël chez les argentins. Profitant de son temps libre, Luciana nous propose de nous emmener voir l’attraction principale de la région, le Perito Moreno …

 


Nous roulons sur une belle route sinueuse lorsque nous apercevons ce monstre de glace pour la première fois. Cette masse blanche aveuglante, au milieu de la nature, paraît surréaliste. Plus on s’approche, plus on prend la mesure de l’ampleur de ce glacier. Une imposante barrière blanche, paisible en apparence, qui révèle toute sa puissance lorsqu’on sort de la voiture et qu’on l’entend. Ses craquements et vrombissements fréquents nous rappellent que cette coulée blanche de plus de 15km de long et 5km de large est bien vivante, et grandissante ! En effet, nous apprenons avec surprise que ce glacier fait partie des rares sur terre à ne pas subir une régression, n’en déplaise aux climatosceptiques !





Cette majestueuse barrière blanche coule à un rythme rapide de 2m par jour et finit sa course dans le Lago Argentino, situé à 187m d’altitude seulement. D’immenses blocs de glace se détachent au niveau de son front glaciaire, et tombent par vêlage dans l'eau (merci M. Reynard!). Ces icebergs s’effondrent de ces falaises qui atteignent jusqu’à 70m, d’où le vacarme engendré par leur chute. Notre regard ne quitte plus ce mastodonte de glace, à l’affut du moindre morceau qui s’engouffrerait lentement dans l’eau dans un bruit fracassant, pour y ressortir quelques secondes plus tard, poussé par Archimède.

Ces mêmes icebergs flottent calmement quelques centaines de mètres plus bas, offrant un doux spectacle. Le géant des glaces en arrière fond nous rappelle sa présence par ses grondements constants. On n’oubliera pas de sitôt cette glace éternelle de la Patagonie…

 



A + J.