Au fil du voyage...

 

Après le Paso San Francisco, les quelques jours de repos à Fiambala ont permis d’apaiser notre fatigue. On avait rêvé d’un bon repas pour goûter la célèbre viande argentine avec buffet de salades et légumes, mais c’était sans penser que cette petite ville se trouve dans une région désertique isolée ; la présence d’un tel restaurant était illusoire ! Alors on a essayé de faire notre propre asado (grillades), mais ce fut un échec total ! Mauvais choix de viande, pas assez de braises, patates et légumes pas cuits… Bref, c’était la partie culinaire… On a aussi fait d’autres choses  ;)

 

Nous avions commencé un projet avec les enfants de Tarija en Bolivie, lors de notre volontariat dans l’école. Il partait d’une envie d’apporter quelque chose aux enfants à travers notre voyage, qui soit différent de ce qu’ils ont l’habitude d’apprendre à l’école. Notre choix s’est porté sur des bracelets, faciles et rapides à réaliser, légers et facilement transportables. L’idée est de présenter notre voyage aux enfants, en leur apportant une autre vision de leur continent et de ce qui les entoure, puis de leur apprendre à fabriquer des bracelets dans un but de partage. Un bracelet sera un cadeau pour un autre enfant. Apprendre à offrir, mais aussi apprendre à recevoir de quelqu’un d’autre, d’une autre région, d’un autre pays. Cette notion prend de plus en plus de sens à mesure que nous avançons sur ce continent que nous découvrons divisé, avec des animosités entre les pays. Nous nous désignons les « transporteurs » de ces fils colorés qui tissent des liens entre ces enfants qui n’ont pas choisi leur pays, ni son histoire.

 

Légèrement réticents et stressés en allant toquer à la porte de la direction dans l’école secondaire de Fiambala, nous avons été reçus les bras ouverts par la charmante directrice qui a vu en notre projet une belle occasion d’ouverture culturelle pour ses élèves. Elle nous a donné rendez-vous le lendemain matin avec 12 élèves entre 12 et 15 ans environ dans l’aula de l’école. A nouveau un peu angoissés à l’idée de parler espagnol devant ces jeunes, pas toujours pourvus d’indulgence à cet âge-là, nous avons vite été mis à l’aise. Les élèves étaient attentifs, participatifs et intéressés par notre voyage (on soupçonne quand même la directrice d’avoir choisi les perles de l’école), et les deux heures passées ensemble se sont écoulées rapidement. Un ou deux jeunes semblaient nettement plus emballés par notre voyage que par les bracelets – on comprend que ce ne soit pas très fun pour des ados - mais ils se sont néanmoins pliés à l’exercice avec application. Premier bilan positif pour ce petit projet au fil du voyage qu’il nous plairait de reconduire dans tous les pays que nous traversons. Il constitue pour nous une autre possibilité d’avoir des contacts avec les habitants, et c’est une bonne porte d’entrée pour approcher les écoles et partager quelques instants avec les enfants ou les ados.


 

Nous partons de Fiambala avec de nouveaux bracelets en poche, que nous espérons pouvoir offrir à des enfants chiliens lors de notre dernier passage dans le pays dans le désert d’Atacama. Notre route continue en direction de Cafayate, et nous enchaînons de bonnes étapes dans ce décor joli mais sans grand intérêt. On ne manque pas de goûter le délicieux vin de cette fameuse région viticole remplie de bodegas, qui expliquent l’afflux de touristes. On repart en direction de Salta où nous avons rendez-vous avec Julien, Marie et Nine, une famille française à vélo rencontrée en janvier. La route qu’on emprunte passe par la Quebrada de la Conchas, merveilleux canyon de fer oxydé, qui donne une couleur ocre à la roche façonnée à la force de l’eau et du vent. Nous laissons les vélos à une trentaine de kilomètres de la ville pour nous éviter la périphérie et rejoignons Salta en bus. C’est la première grande ville argentine que nous découvrons – notre passage pour y prendre l’avion pour El Calafate était éclair. Nous contemplons une architecture coloniale bien conservée, et des habitants avec un physique qui se rapproche des boliviens. Le musée archéologique de haute montagne est saisissant, avec l’exposition des enfants incas momifiés sacrifiés au sommet de monts andins et extrêmement bien conservés dans les conditions qui y règnent. L’envie d’en connaître davantage sur cette civilisation mystérieuse se manifeste. La suite du voyage nous en donnera assurément la possibilité…

C’est toujours un plaisir de passer du temps avec d’autres cyclos ; la famille française que nous connaissons déjà, mais aussi Anthony, cyclo français reporter alimentaire (latitudesfood.org) et Javier, cyclo espagnol photo reporter parti depuis 8 ans avec plus de 80'000 km autour du monde. On partage un vrai asado argentin avec son buffet de salades, trop contents !



A + J.