Salade russe à la sauce aji...


Voici le menu piquant qui nous attend au départ de Cusco, un enchainement de montagnes russes dans les contrées montagneuses du Pérou. On enchaine les journées de montées et descentes entre 4'500 et 2'000m. Nous grimpons de nombreux cols qui nous réservent à chaque fois leur lot de surprises en nous dévoilant des paysages de plus en plus beaux au fur et à mesure que les lacets montent. Notre rythme est soutenu et la fatigue ne nous permet donc plus de monter le dernier col, celui de l’utérus, le soir comme le dirait Ernest... A 18h le soleil se couche et très souvent, nous le suivons au pas car le froid est bien présent et nous essayons de récupérer un maximum pendant les nuits.


Nos étapes rallongées nous permettent de rejoindre Solène, une cyclotouriste française rencontrée à Cusco et Erik, un suédois voyageant également à vélo qui a rencontré Solène auparavant. Suivant le même itinéraire, nous décidons de pédaler ensemble un moment. Une belle aventure collective qui amène de nouvelles énergies positives mais également les problématiques relatives au voyage en groupe. Une riche expérience qui durera près de deux semaines.


 

L’asphalte nous accompagne sur les premières étapes qui nous mènent jusqu’à Huancavelica. De là, nous décidons de partir sur un petit itinéraire bien connu des cyclotouristes grâce à la merveilleuse épopée d’un couple anglais qui ont détaillé tout le parcours sur leur site www.andesbybike.com. Cette route, prénommée la Great Divide, qui signifie « ligne continentale de partage des eaux » en conséquence de sa situation géographique, se trouve entre les eaux se jetant dans le Pacifique et le bassin versant de l’Atlantique et se compose de pistes serpentant les pics montagneux. Elle nous fait découvrir de merveilleux coins où les populations de lamas et d’alpacas dépassent largement celles humaines. Nous découvrons des modes de vie rudimentaires et rudes dans des habitats hauts en altitudes. Mais c’est surtout la gentillesse de ces gens qui nous marque, même si très souvent la communication est difficile vu notre connaissance nulle en Quechua, la langue parlée majoritairement dans ces régions. Très souvent, leur large sourire régulièrement édenté et leurs encouragements nous redonnent la pêche pour affronter cette route engagée. (Enfin, généralement ils ne sourient plus sur les photos et prennent la pause sérieusement...)



Cette pêche finit par nous manquer et lors d’une étape « dantesque » avec froid, vent et grêle qui nous fouette les joues, je retrouve Anaëlle en larmes au bord de la route n’en pouvant plus. Heureusement nous dormons à l’intérieur, invités dans le hall d’entrée d’un garde du coin et tentons de trouver des solutions pour continuer d’apprécier pleinement le voyage.



Le lendemain, nous nous séparons pour deux jours. Anaëlle profite de la présence de Solène, qui dispose de tout pour deux, afin de prendre une route plus courte et de pouvoir faire un jour de repos. Je décide de continuer sur la route prévue avec un col à 4'990m, la Punta Pumacocha, dont je rêvais depuis un petit moment. Erik, lui, file en direction d'une ville proche pour récupérer et continuer de son côté. C’est un sentiment un peu particulier de se retrouver seul. Un mélange de liberté totale en pédalant à son propre rythme et en pouvant faire ce que bon nous semble sans avoir à consulter un pair, mais aussi une certaine frustration quand le partage du moment présent ou d'une vue imprenable ne se fait pas tout de suite.



Nous sommes donc tout heureux de nous retrouver et de nous raconter nos différentes routes qui ont convenu à chacun. C’était finalement une bonne décision et chacun a pu se ressourcer. Nous repartons de plus belle ensemble. Nous continuons encore deux jours sur la Great Divide où nous longerons un magnifique canyon avec des bassins et de nombreuses cascades qui n’ont rien à envier au Plitvice Park de Croatie.



Nos bicyclettes bien amochées avec notamment une fissure de la jante d’Anaëlle qui augmente jour après jour et notre physique qui commence à en prendre pour son grade, nous décidons de rejoindre un axe routier fréquenté pour pouvoir rejoindre Huanuco, une grande ville où nous pouvons trouver une nouvelle jante. Après des trajets en stop pris par un camionneur, puis par Edwin, un péruvien qui voulait de la compagnie pour le trajet, nous avalons 300km en une journée et sommes accueillis dans cette ville au climat annuel doux par la très généreuse famille de Midori. Nous passons trois jours chez eux à se goinfrer de féculents à chaque repas qu’ils nous concoctent, à regarder la malheureuse élimination du Pérou et à passer du bon temps en leur compagnie sans faire grand-chose de particulier. De véritables jours de repos comme on en avait besoin.

Nous repartons en direction de Huaraz, une nouvelle fois en stop avec la police cette fois-ci, pour éviter une montée pourrie et dangereuse et gagner quelques jours pour profiter de la merveilleuse Cordillera Blanca.



Nous remontons en selle pour traverser une première fois le parc national du Huascaran sur la route nous menant au glacier Pastoruri. A nouveau des paysages à l’immensité démesurée et aux couleurs teintées par la présence de différents minéraux dans la région.



Nous rejoignons finalement Huaraz, "le Chamonix péruvien" où nous avons le plaisir de profiter de restaurants, cafés, hôtels qui nous rappellent ceux qu'on trouve en Europe...


CiaoCiao


J+A.