Bienvenidos, a la orden, con mucho gusto !

 

La Colombie, pays ultime de notre traversée de l’Amérique du Sud. Un pays attendu avec impatience suite aux nombreux récits de voyageurs repartis enchantés de la Colombie et de tout ce qu’elle a à offrir. On ne nous a pas menti ; ce premier mois passé ici nous a permis de le voir de nos propres yeux et de le sentir de notre propre corazon ; des couleurs et de la chaleur, des sourires et de la joie de vivre, de la légèreté et du café.


 

Notre itinéraire a été entrecoupé par quelques parties en bus pour avoir plus de temps à Medellin et environs, et pour soulager mon moral qui peine à trouver la force de pédaler depuis quelques temps.

 

Nous passons quelques jours à la casa de ciclista de Pasto, gérée par Camila et John. Encore une fois, un lieu envahit d’une énergie débordante de ce couple qui n’arrête pas de multiplier les projets de tout genre : sorties à vélo de nuit, atelier d’artisanat local, cours de mécanique vélo para chicas, cours de langue des signes pour permettre une meilleure intégration des personnes malentendantes dans les différentes activités, conférences de voyageurs à vélo et tant d’autres projets en préparation. Une nouvelle fois, un lieu inspirant et chargé de bonnes ondes.  

 

On y revoit Detlev, un australien de 65 ans, que l’on avait déjà rencontré à Quito et qui nous demande si nous sommes d’accord de faire un bout de route avec lui. En effet, nos plans coïncident, et il préfère être accompagné pour attaquer le fameux « Trampolin de la Muerte », réputé comme une des routes les plus dangereuses du monde. Son étroitesse, sa mauvaise piste bordée de falaises, ses virages abrupts, et son climat souvent humide provoquant des glissements de terrains lui valent cette renommée effrayante. En réalité, le danger est davantage présent pour les camions et voitures qui peuvent difficilement croiser, mais les vélos peuvent y rouler sereinement avec un minimum de prudence. Nous ondoyons entre les collines vertes et souvent sous des gouttes de pluie durant trois jours, en compagnie de « papi » qui ne se gêne pas de nous rappeler de mettre notre casque et de ne pas oublier nos affaires. On se rend compte que nos habitudes commencent à être sacrément ancrées après 10 mois à deux sur la route… Pourtant Detlev est simple et s’adapte facilement, mais il faut toujours un petit réajustement lorsqu’une autre personne se joint à nous.

La route se termine par une descente de 30km qui nous offre une vue panoramique sur l’Amazonie. Plus de montagnes à l’horizon, c’est presque déroutant de pouvoir voir à des centaines de km et d’imaginer l’océan atlantique à l’autre bout. Au fil de la descente sur Mocoa, l’air se réchauffe, les plantes et fleurs colorées se font de plus en plus nombreuses, et les chants d’oiseaux multicolores réjouissent nos oreilles attentives.

 


A Mocoa, nous prenons un bus jusqu’à Neiva. A présent, l’enjeu est de pédaler sous la chaleur écrasante de cette région. On se trouve dans la vallée entre la cordillère centrale et la cordillère orientale et le climat tropical qui y règne fait grimper le thermomètre au-delà de 35 degrés (bon ça ne vous impressionne sans doute plus maintenant…). On avance un maximum le matin, puis partons à la recherche d’un hôtel avec climatisation, puis d’une piscine pour y passer l’après-midi. Le soir, la place centrale des villages se remplit au fur et à mesure que l’air perd en degrés. L’atmosphère est à nouveau respirable et c’est agréable de se promener dans les rues éclairées, avec un sentiment léger de vacances.

Le choix de cet itinéraire avait été orienté notamment par le désert de la Tatacoa que nous souhaitions vivement visiter. Ce paysage atypique est en réalité une forêt tropicale sèche ! Il est possible de se promener entre les formations rocheuses et les cactus, et même de manger des petits fruits roses qui poussent sur ces derniers.



Une fois arrivés à Espinal quelques kilomètres plus loin, nous prenons à nouveau un bus pour éviter la « linea », route très empruntée car elle relie Bogota au sud-ouest du pays. On se demande toujours pourquoi elle porte ce nom car elle ne ressemble en rien à une ligne ! Et on l’a d’autant plus ressenti qu’on a ingurgité une saleté avant de monter dans le bus...

Quelques heures et vomis plus tard, nous arrivons dans la zona de los cafeteros. Et là on se rend compte de l’ampleur de la production de café en Colombie ! Les flancs de collines sont littéralement bondés de caféiers ! La température est modérée et l’air humide, un mélange parfait pour faire pousser tous ces grains de café. La plupart finirons exportés dans d’autres pays mais une partie reste en Colombie et Jonas est aux anges ! Moi, je me rabats sur les jus de fruits, d’une diversité incroyable. Mon préféré est le lulo, un fruit ressemblant à une orange mais avec un goût de citron doux.



Cette zone abrite des petits villages débordant de charme, et c’est Salento que nous découvrons en premier lieu. C’est ici que nous avons rendez-vous avec mon amie Sarah, qui visite la Colombie en sac à dos. On ne se lasse pas de retrouver des têtes connues, surtout qu’après une année loin de Suisse, le manque des proches se fait sérieusement ressentir. Le petit coin paisible qu’est Salento est parfait pour se retrouver et papoter sur des terrasses et lors de promenades.



La visite d’une finca de café familiale nous permet d’en apprendre davantage sur la culture de cet « or brun ». On se rend compte que c’est une véritable permaculture qui est mise en place ici, et que ce café organique qui sera ensuite vendu à Segafredo obtient son goût exquis grâce à l’aide d’autres plantations, qui chacune joue un rôle important ; les mûres font office de barrière en captant les produits chimiques utilisés par le voisin qui détient les plantations en amont, les bananiers permettent de réguler l’apport en eau et d’apporter de l’ombre aux caféiers qui n’aiment pas les rayons directs du soleil, les avocatiers jouent également un rôle de régulateur d’eau, les citronniers et orangers désacidifient l’humus, et finalement, les plantations de maniocs permettent de stabiliser le sol dans ces plantations en pente. Par ailleurs, les coquilles d’œufs alimentent le compost qui est ensuite parsemé dans les plantations pour apporter du calcium aux grains de café. Pour éloigner tout insecte, du piment séché (aji) mélangé à de l’eau est vaporisé régulièrement sur les caféiers. Tout un petit monde végétal qui travaille conjointement afin d’éviter l’utilisation d’engrais ou autre pesticide.




Sarah nous initie au jeu du « tejo » qu’elle a déjà pu tester à Bogota. Il s’agit d’une sorte de pétanque, où le but est de viser, à l’aide d’une pierre, une cible qui contient des petits explosifs. C’est officiellement le sport national en Colombie depuis 2000 ! On rigole bien et sursaute à quelques reprises, quand une cible est enfin touchée !   


En continuant notre route en direction de Medellin, on s'enthousiasme devant le nombre incalculable de sourires et d’encouragements qui nous sont adressés. La joie de vivre semble envahir l’air… Les petits villages de Filandia et Jardin sont paisibles et l’attitude des habitants fort agréable. Les salles de billards sont le lieu de socialisation, principalement masculin, une fois la nuit tombée, alors que les femmes sont davantage présentes sur les terrasses des cafés. Cette atmosphère nous pousse à profiter au maximum de notre dernier mois dans ce pays enchanteur !


Con mucho gusto ! (Comprenez-le comme « Au revoir, merci », « de rien, merci », « service, au revoir, merci » des Orties de Yann Marguet).

 

A + J.